Aux Etats-Unis, le risque immobilier inquiète Wall Street

Publié le par Christophe

La crise immobilière est devenue la principale source d'inquiétude de la Bourse américaine. Les économistes ont du mal à mesurer les conséquences, sur la croissance et le système financier, des défaillances en chaîne des établissements de crédits immobiliers à risque ou subprime lenders. Cette industrie spécialisée dans les prêts à surprime ou taux élevé pour les emprunteurs présentant le plus de risques est en train de s'effondrer. Plusieurs établissements ont déjà fait faillite depuis janvier. Un certain nombre a été contraint de cesser toute activité et de vendre les actifs à l'encan.

 

C'est maintenant au tour des plus grands, considérés comme les plus solides, d'être sur le point de déposer leur bilan, coincés entre l'impossibilité de se refinancer et la multiplication des défaillances des emprunteurs. Début mars, le numéro deux du secteur, New Century Financial, a en outre révélé être l'objet d'une enquête criminelle sur ses pratiques comptables. Lundi, à Wall Street, le cours de l'action New Century Financial perdait 70 % à 4,42 dollars. Au plus haut, en décembre 2004, le titre cotait 66 dollars. Le groupe a encore distribué 39,4 milliards de dollars (30 milliards d'euros) de prêts avec surprime au cours des neuf premiers mois de 2006. Mais 20 % des emprunteurs récents auraient fait défaut. Les actions des trois autres grands du secteur, Fremont General, Accredited Home Lenders et NovaStar Financial ne se portaient pas beaucoup mieux. Elles ont toutes abandonné, lundi, plus de 30 %. "Il y a eu beaucoup de ventes en catastrophe et de panique", explique Rich Eckert, analyste de Roth Capital Partners.

VERS UNE INTERVENTION DE LA FED

Les crédits immobiliers avec surprimes se sont développés aux Etats-Unis depuis cinq ans. Ils étaient rentables pour les prêteurs avec des taux supérieurs de quatre points à la moyenne du marché et ont permis l'accès à la propriété à des Américains modestes. Tant que la valeur des logements augmentait, les plus-values presque automatiques permettaient d'éviter les problèmes. En 2006, selon des chiffres de Inside Mortage Finance, les crédits avec surprime représentaient pas moins de 600 milliards de dollars - environ 20 % de tous les prêts immobiliers accordés aux Etats-Unis - contre 5 % en 2001."Tout est parti du crédit à risque. Il a augmenté soudain artificiellement la demande solvable. Cela a tiré les prix des logements et la bulle s'est développée. A la fin, l'argent coulait à flot sans considération pour la valeur des biens et les garanties offertes", explique Paul Kasriel, économiste de Northern Trust. Mais les taux d'intérêt à court terme sont remontés en 2005 et 2006 et les prix des logements ont fini par baisser l'an dernier pour la première fois depuis plus d'une décennie. Depuis, les défaillances se multiplient. Le Centre pour des prêts responsables (Center for Responsible Lending), une organisation de défense des consommateurs, prévoit qu'une personne sur cinq ayant contracté un prêt avec surprime entre 1998 et 2006 pourrait perdre son logement. Pour le moment, les conséquences pour le système financier américain sont circonscrites aux subprime lenders. Les grandes banques de Wall Street qui les refinancent et ont gagné ainsi beaucoup d'argent n'ont pas, pour la plupart, conservé le risque. Elles l'ont diffusé à l'ensemble de l'économie en émettant des obligations gagées sur les encours de crédits rachetés. Il y a des exceptions. HSBC, la troisième banque du monde, a beaucoup commercialisé directement des crédits immobiliers à risques et a annoncé, lundi des provisions de 10,6 milliards de dollars en 2006 pour couvrir ses pertes. Mais le véritable danger pour l'économie américaine semble venir des ménages surendettés. Si la situation continue à se dégrader, le remède ne pourra venir que de la Réserve fédérale (Fed). En abaissant son taux directeur (5,25 % aujourd'hui), elle réduira la pression sur les emprunteurs qui, en majorité, ont des crédits à taux variables. La plupart des analystes pensent qu'elle devra commencer à diminuer ses taux avant le milieu de l'année. 

Publié dans Infos

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